Nauséeux. Désorienté. Anxieux. Dérangé. Difficile d’imaginer meilleurs qualificatifs pour décrire le premier album de Moodie Black, précurseurs du post-noise rap, dont la sortie est imminente. À l’instar du concept de Nausée tel qu’énoncé dans les œuvres existentialistes de Jean-Paul Sartre, ce disque est l’héritage sonore d’une confrontation avec une beauté au tempérament instable, d’une rupture avec la banalité du quotidien.

Faisant suite à leur EP éponyme sorti en 2013, qui préfigurait déjà de la maîtrise avec laquelle le groupe mélange un flow rappé dans la plus pure tradition Hip-Hop, un Noise éprouvant, et des ambiances sonores aussi statiques que mélodiques bien que foncièrement Indus, NAUSEA propose au public une vision différente du Noise Rap. À l’inverse de certains morceaux aux rythmes enlevés que contenait leur EP (No Blood ft. Ceschi Ramos, Hipster Death, Last Griot ft. Dälek), NAUSEA révèle une atmosphère downtempo, quasi catatonique, contre-utopique et magnifique. On ne se contente pas d’écouter cet album. On le vit.

Le groupe semble avoir troqué sa force brute et éprouvante contre des sons plus ambiants et progressifs. Les têtes bougent au rythme de ces pulsations en demi-temps, qui agissent comme le fil conducteur sombre de l’album. Les paroles évoquent la frustration du groupe vis-à-vis du conformisme de masse et du manque de sincérité qui caractérise notre société, tout en rendant hommage au caractère transcendant du combat humain. Tout comme celle des Existentialistes, la Nausée de Moodie Black établit un postulat de départ sur la nature humaine et son existence. Tandis que ses beats puissants, son flow aiguisé, ses voix plaintives, ses synthés enivrants et ses guitares obscures s’abattent sur nous telle une chape de plomb, NAUSEA crée un véritable électrochoc dans notre manière d’appréhender le Noise Rap en tant que genre musical, et plus largement notre conception de l’existence.

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